Les sérendipités de Vincent • Promenade littéraire avec Marcel Proust

DANS LA CHAMBRE DE PROUST, proposée par Vincent Figureau
Une lecture-promenade, avec la complicité involontaire de Céleste Albaret, Roland Barthes, Jean Cocteau, Jean Hugo, François Mauriac, Paul Morand et Maurice Ravel

La figure étrange et attachante de Marcel Proust occupe une place singulière dans la littérature.Conçue comme une majestueuse cathédrale, son œuvre A la Recherche du temps perdu suscite à la fois admiration, respect et crainte. Sans doute parce que le travail introspectif auquel Proust se livre est le miroir tendu vers nos intériorités.

C’est dans sa chambre « aux fenêtres protégées par d’épais rideaux et tapissée de panneaux de liège sur laquelle le temps ne semble guère avoir de prise » (Michel Erman), depuis son lit, que Proust a composé son œuvre.
Lieu onirique d’un temps suspendu entre l’enfance et la mort, la chambre de Proust est à la fois laboratoire, chambre noire qui révèle et fixe les souvenirs d’une vie passée, chambre d’échos intérieure d’où la vraie vie nous est restituée dans sa pure essence, lieu d’otium studiosum dédié à la littérature. Elle est aussi lieu sépulcral de lecture, car « les vrais livres doivent être les enfants, non du grand jour et de la causerie, mais de l’obscurité et du silence. » (Marcel Proust).

Aux yeux d’André Gide, La Recherche du temps perdu touche à l’absolu dans sa tentative de décrire et de faire vivre au lecteur une expérience radicale de désintéressement : cette œuvre de « long loisir (…), si désintéressée, si gratuite, nous apparaît plus profitable et de plus grand secours que tant d’œuvres dont l’utilité seule est le but. »

Près de cent deux ans après la mort de Proust (18 novembre 1922), je vous propose une plongée dans l’œuvre littéraire la plus fascinante du XX e siècle.
Entrez avec lui dans cette chambre nappée « d’un nuage de poudre anti-asthmatique » (Cocteau) : Vincent vous lira quelques pages extraites de La Recherche du temps perdu, ponctuées des témoignages de personnes qui ont connu Proust (Céleste Albaret, Jean Cocteau, Jean Hugo, François Mauriac, Paul Morand) ou qui ont su, par leurs analyses, faire miroiter son œuvre (Roland Barthes).

Il existe des parentés entre Proust et Ravel. Bien que le nom du compositeur du Boléro ne soit mentionné qu’une fois dans La Recherche, tous deux ont en commun le profond attachement à leur« Maman », et en partage Céleste Albaret, qui après avoir été au service de Proust de 1914 à 1922, fut la gardienne de la maison de Ravel à Montfort-l’Amaury de 1954 à 1970. Lors des obsèques de Proust en 1922, la Pavane pour une infante défunte fut jouée. La lecture sera donc illustrée par quelques morceaux choisis de Maurice Ravel.

Textes

• Marcel Proust, À la recherche du temps perdu, Gallimard, coll. Pléiade : extraits de Du côté de chez Swann, du Côté de Guermantes, d’Albertine disparue, et du Temps retrouvé, Gallimard, coll. La Pléiade
• Céleste Albaret, extraits de Monsieur Proust (Robert Laffont, coll. documento, 2014) ; témoignage dans l’émission « Proust, Portrait souvenirs » de Roger Stéphane (ORTF, 1962) ; témoignage cité dans l’émission « Le monde de Marcel Proust » de Thierry Thomas (Arte, 2021)
• Roland Barthes, « La leçon de Proust », texte inédit prononcé dans le cadre d’une émission radiophonique de Robert Valette, « Proust aujourd’hui », réalisée pour les 50 ans de la parution de Du côté de chez Swann (RTF, 1963)
• Jean Cocteau, extrait de La Difficulté d’être (1951) ; témoignage dans l’émission « Proust, Portrait souvenirs » de Roger Stéphane (ORTF, 1962)
• Jean Hugo, Le regard de la mémoire 1914-1945 (Actes Sud, novembre 2020)
• François Mauriac, témoignage dans l’émission « Proust, Portrait souvenirs » (ORTF, 1962)
• Paul Morand, témoignage dans l’émission « Proust, Portrait souvenirs » de Roger Stéphane (ORTF,1962)

Dessin – Portrait de Marcel Proust, octobre 1891, Trouville. Un dessin signé du peintre Jacques-Émile Blanche. Collection Kharbine Tapabor.