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‘Persées célestes’, Marc Nucera & Quentin Derouet

2 mai, 19:00 - 15 juin, 22:00

Gratuit

Persées Célestes

« C’est toujours ce qui éclaire qui demeure dans l’ombre »1 C’est le soleil qui se cache pour allumer la lune. C’est la noirceur d’un pigment qui donne sa force aux tons clairs. Ou les évidures d’une sculpture qui font naître sa silhouette. C’est le mythe de Persée, qui aima voir sans être vu, et vaincu Méduse. Comme si l’art de la retenue était plus éclatant que n’importe quel acte d’audace. Comme si Quentin Derouet et Marc Nucera, en soustrayant à la couleur et au bois, ajoutaient leurs âmes au monde, dans la nervure d’un tronc, à même le tissu d’une toile, peignant les creux et sculptant les ombres, per via di levare.
De leurs retenues fécondes émerge un dialogue vertigineux où se rejoignent deux infinis : le monde terrestre du végétal et le royaume astral. Par de délicates variations, Quentin Derouet fait se mouvoir les forces célestes de la nuit en laissant notre imaginaire épouser les formes d’une lune. Son éclat d’albâtre perce la noirceur liquide obtenue à partir de charbon et de brou de noix récoltées par l’artiste dans son jardin-forêt. Loin de s’abandonner à l’éther, le halo de lumière semble tout entier mêlé à ce flot de matière qui tantôt le dévoile tantôt le recouvre comme une vague,
souvenir d’un passé commun entre la Lune et la Terre. Une à une, les sculptures de Marc Nucera répondent aux ondoiements de ces
ciels nocturnes, rappelant silencieusement l’incidence qu’auraient les cycles lunaires sur la pousse des végétaux. Des marées se dessinent dans le bois qui se souvient d’avoir été un arbre, vivant, gorgé de sève et d’élan pour viser le ciel. Les lignes du sculpteur se joignent aux corps ligneux, dans un accord tacite entre l’onde et la matière, entre l’ombre et la lumière, entre hasard et destinée. À même les plis du bois mort se joue l’allégorie de la vie, et de son feuilleté ardent, que l’artiste vient effeuiller jusqu’à lui conférer l’aura d’un totem. Des substances terriennes aux vapeurs célestes, Quentin Derouet et Marc Nucera font vibrer le magnétisme de la vie par ses extrémités, mais aussi par sa plus grande
humilité : le soupir d’une nuit, la finitude du bois mort. En cultivant l’improvisation et l’économie de moyens, ils approchent le presque-rien et traduisent le je-ne-sais-quoi de l’existence qui ne se goûte que par le cœur et par les sens. Leur art se pratique à même la vie, depuis une forêt où les fruits de la cueillette deviennent pigments, depuis les jardins où végètent le bois en quête de vie… Épris de l’écorce du monde, ils sont de ceux qui rallument les étoiles et rendent un souffle à l’inanimé, avec cette magie prosaïque qui joint l’improbable au possible. Et entre les lignes du tronc et de la toile, s’écrit un poème qui, depuis l’ombre, nous éclaire.

1 Edgar Morin, Le paradigme perdu (1973)

 

Texte d’exposition rédigé par Joan Pronnier

Détails

Début :
2 mai, 19:00
Fin :
15 juin, 22:00
Prix :
Gratuit
Catégorie d’Évènement:

Organisateur

Conscious Paris
Terminé
+33 6 37 48 51 54
E-mail
info@consciousparis.com

Lieu

Conscious
12 rue de Normandie
Paris, 75003
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